PANORAMA DE LA PRODUCTION SCIENTIFIQUE AU BRÉSIL: CYBERCULTURE ET
POÉSIE NUMÉRIQUE (2000-2010)
Reheniglei Rehem1 Université de l’Etat de Santa Cruz - UESC (Brésil)
Cette communication a pour but de
présenter un panorama descriptif de la production scientifique au Brésil,
tourné vers les thèmes de la cyberculture et de la poésie numérique dans les
années 2000-2010, décennie considérée comme celle de l’élargissement
et de la consolidation de ce domaine de la connaissance, avec
une grande visibilité de la poésie produite et/ou disponible sur Internet. Dans
cette étude, nous allons sélectionner et prendre en compte des données fournies
par les équipes de recherche inscrites sur le Directoire de Recherche du CNPq
(Conseil National de Développement Scientifique et Technologique) et qui ont
contribué à la formation d’associations
comme, par exemple, la COMPÓS – Association Nationale des Écoles
Doctorales en Communication – l’INTERCOM – Société Brésilienne d’Études Interdisciplinaires en Communication – et
l’ABCiber – Association Brésilienne des Chercheurs en Cyberculture. Outre ces sources, nous nous reporterons aussi à d’autres références
critiques traitant de l’histoire de ce domaine et à des
anthologies de la poésie numérique brésiliennes au XXIe siècle, comme celles de
Jorge Luiz Antonio (2010) et d’Eduardo Kac (1986, 1996). À partir de
cette délimitation de notre proposition, nous ferons
maintenant une introduction théorico-épistémologique nécessaire à son développement.
La cyberculture constitue
aujourd’hui notre monde, notre
atmosphère
matérielle, symbolique et imaginaire, elle est intrinsèque
à la configuration spécifique de la vie humaine au moment historique actuel. Se
ramifiant de manière asservissante et englobant d’innombrables événements, processus et tendances, dans
le sillage de la
circulation d’objets et de produits informatiques et de la diversification de la Web, elle se présente comme un phénomène complexe et paradoxal, qui
défie la réflexion théorique,
à l’échelle nationale et internationale. Rejoignant les
caractéristiques
1 Professeur du Département de Lettres et Arts de
l’UESC
(Bahia-Brésil). Docteur et chercheuse en Théorie Littéraire et en Théories de l’Hypertexte.
fondamentales de la postmodernité, la cyberculture garde
aussi des aspects de la tradition et de la modernité ; elle réécrit et
rééchelonne la mondialisation mercantile de la culture et de
l’information, en leur offrant une atmosphère virtuelle,
hypertextuelle et interactive ; elle s’établit
comme la condition essentielle – quoique peu remarquée
– de la mondialisation économique et financière ;
elle reconfigure et multiplie les conflits sociaux et les combats politiques ;
elle s’enracine de plus en plus dans la vie quotidienne.
Au Brésil et en Amérique Latine,
dernièrement, beaucoup de chercheurs, aux filiations historiques distinctes, s’intéressent
intensément à ces phénomènes. En général, le souffle historique d’une epistème et du champ intellectuel qui s’organise en ce sens se
mesure plutôt par les questions théoriques laissées ouvertes (surtout lorsqu’elles se posent sous la perspective d’une
catégorie consistante de la critique) que par
les solutions proposées ou, un peu moins, par un soi-disant effet de mode, lié à une décennie précise. En fait, il n’est pas difficile de constater que,
du point de vue
historique, le débat sur la cyberculture ne fait que
commencer. Sa longévité relève, évidemment, de ce que les chercheurs en feront,
et des horizons théoriques, épistémologiques et méthodologiques qu’ils
lui ouvriront.
Il nous semble que c’est notamment au CNPq
(Conseil National de Développement Scientifique et
Technologique) que reviennent la tâche et la fonction de diffuser les résultats de ce champ d’études, en lui attribuant une représentation institutionnelle unifiée et autonome par rapport aux autres
associations scientifiques et culturelles en activité, et en rendant
possible l’expansion, dans ce domaine, de la recherche d’excellence au
Brésil et à l’étranger. Cette fondation publique, liée au
Ministère de la Science, de la Technologie et de
l’Innovation au Brésil –MCT –, a été instituée par la
Loi nº 6.129, du 6 novembre 1974 . LE CNPq se situe à Brasília et se trouve
soumis à des Statuts et à un Règlement Intérieur. Quant à sa Structure
Organisationnelle, il est administré par un Conseil Délibérant, un Président et
trois Directeurs (Direction d’Administration, Direction de Programmes Thématiques et Sectoriels et Direction de Programmes Horizontaux et
Instrumentaux), désignés par le Président de la République. Le CNPq a pour but
de promouvoir et soutenir le développement scientifique et technologique du
pays et de contribuer à la formulation
des politiques nationales de science et de technologie. En
somme, c’est à cet organe de
financement de la recherche qu’il revient de participer, avec le MCT, à la formulation, à l’exécution, au suivi, à l’évaluation et à la diffusion de la Politique Nationale de Science et
Technologie et, notamment, de soutenir et d’appliquer :
le développement et le maintien de la recherche scientifique et technologique
et la formation de ressources humaines qualifiées pour la recherche dans tous
les domaines de la connaissance ; l’innovation technologique ; les mécanismes de recueil, d’analyse, de stockage, de diffusion et
d’échange de données et d’informations sur le développement
de la science et la technologie ; les normes
et instruments d’appui
et soutien à la réalisation d’activités de recherche et de développement, de diffusion et d’absorption de connaissances
scientifiques et technologiques ; la mise au point d’accords, de protocoles, de conventions, de programmes et de projets
d’échange et de transfert de technologie entre des entités publiques et privées,
nationales et internationales, parmi d’autres attributions.2
Le Directoire d’Équipes de Recherche au Brésil – le DGPB – a été organisé par le CNPq en 1992
et constitue un inventaire des équipes de recherche en activité dans le pays.
Ses bases de données contiennent des informations sur les ressources humaines
composant les équipes, les lignes de recherche en cours, les spécialités de la connaissance,
les secteurs d’activité impliqués, la production scientifique, technologique et artistique des chercheurs et étudiants qui intègrent
les équipes, et les modèles d’interaction avec le secteur
productif. Ces équipes
travaillent dans des universités, des
institutions isolées d’enseignement supérieur,
des instituts de recherche scientifique, des laboratoires de recherche et de
développement d’entreprises ou d’anciennes
entreprises d’état, et dans certaines organisations non- gouvernementales ayant des activités de recherche. Depuis lors, tous
les deux ans, le DGPB rend public des chiffres sur la capacité de recherche
installée au Brésil, mesurée à partir des équipes de recherches actives à
chaque période. De cette façon, chaque équipe est située
dans le temps et dans l’espace. Les enquêtes fournissent des informations quantitatives sur les équipes dans leurs plusieurs dimensions, et le DGPB
2 Le Centre de Mémoire du
CNPq est disponible sur: <http://centrodememoria.cnpq.br/cmemoria- index.html>. Accès le 2
Avril 2013.
offre des ressources de recherche textuelle dans les bases
de données. Dans ce site, il est possible de trouver les résultats des enquêtes
réalisées entre 2000 et 2010 concernant les ressources humaines des équipes
(chercheurs, étudiants et techniciens), les lignes de recherche en cours, les
spécialités de la connaissance, les secteurs d’application
impliqués, la production scientifique, technologique et artistique, aussi
bien que les modes d’interaction avec le secteur
productif. En outre, chaque équipe
est située dans l’espace (région, état, institution) et dans le temps.
Les séries historiques du CNPq
contiennent des tables et des graphiques
choisis, avec des
informations qui synthétisent l’évolution temporelle et agrégée du profil des équipes de recherche. Leur
utilisation, en tant
qu’un portrait chronologique réel
de la capacité installée de recherche du pays, doit se faire avec prudence,
étant donné la tendance générale de croissance du nombre d’institutions et de la couverture intra-institutionnelle
observée dans la période. Les séries comprennent presque toujours la première
enquête, réalisée en 1993, et incorporent de nouvelles données à chaque enquête
(jusqu’à la réalisation de cette recherche, en avril 2013, les
données disponibles concernaient la période 2000-2010).3
Distribution des équipes selon le
domaine de recherche prédominant, 2010
SOURCE: Bilan Statistique
des équipes de recherche inscrites su DGPB/ CNPq/ Humanités/ 2010. Disponible
sur: <http://dgp.cnpq.br/censos/sumula_estatistica/2010/grupos/index_grupo.htm>. Accès le 2
Avril 2013.
3 La base de données du
Directoire des Équipes de Recherche au Brésil du CNPq est publique, disponible
sur : <http://dgp.cnpq.br/censos/>. Accès le 18
Avril 2013.
Ce Bilan Statistique présente des
informations qui synthétisent le contenu des bases des enquêtes à partir de
2000, fournissant, ainsi, un portrait assez net de la capacité installée de
recherche dans le pays. Quoique son contenu soit essentiellement descriptif, il
donne des pistes analytiques sur certaines caractéristiques de ce portrait
constitué de sept ensembles fondamentaux d’information, composés des données
concernant les Équipes de Recherche, les Chercheurs, les
Étudiants, le Cadre Technique, les Lignes de Recherche, la Production
Scientifique, Technologique et Artistique, et les Entreprises. Maintenant, nous
présenterons un autre bilan qui illustre l’enquête sur
les équipes de recherche inscrites dans la décennie
2000 – 2010 au DGPB
du CNPq, en mettant en relief le domaine des Humanités (Sciences Sociales
Appliquées, Sciences Humaines
et Linguistique, Lettres
et Arts), le Champ d’application et le
Terme de Recherche, comme dans le bilan précédent, avec le mot-clé
« cyberculture ». Pendant cette période,
le nombre d’Équipes de Recherche inscrites au DGPB/
CNPq est devenu beaucoup plus important : nous avions 4 équipes inscrites en 2000, nous en avons 22 en 2010, d’après la table suivante :
Recherche textuelle d’équipes certifiées dans la base actuelle du
Directoire d’Équipes de Recherche au Brésil, du CNPq (2010)
GRAND DOMAINE
|
CHAMP D’APPLICATION/
ÉQUIPE
|
QUANTITITÉ
|
Sciences Sociales Appliquées
|
Communication
|
13
|
Sciences de
l'information
|
1
|
Informatique
|
2
|
Total partiel
|
16
|
Sciences
Humaines
|
Éducation
|
2
|
Psychologie
|
1
|
Anthropologie
|
1
|
Lettres
|
1
|
Histoire
|
1
|
Total partiel
|
6
|
|
Total
|
22
|
SOURCE: Recherche
Opérationnelle des Équipes de Recherche du DGPB/ CNPq/ Humanité/ Cyberculture/
2010 disponible sur: <http://dgp.cnpq.br/buscaoperacional/>. Accès le 2 Avril 2013. (Table élaborée par l’auteur).
La base de données du
Directoire est une source inépuisable d’informations, non seulement pour les institutions et les sociétés
scientifiques mais aussi pour les diverses instances
d’organisation politico-administrative. Outre les informations
directement disponibles sur les équipes, leur caractère systématique invite
à l’approfondissement des connaissances à travers
les nombreuses possibilités de recherche, chronologiques et passibles d’actualisation. La construction d’échantillons permet d’obtenir des réponses sur des champs non concernés par les données, comme, par exemple,
le financement, l’évaluation qualitative de la production scientifique et technologique, aussi bien que le modèle
fin des interactions entre les équipes de recherche et le secteur
productif. De cette façon, il s’agit d’un outil très puissant pour la planification et la gestion des activités de science et technologie.
Dernièrement, il faut dire que, à condition de maintenir l’effort
d’actualisation par des enquêtes continues,
les bases des données joueront un rôle de plus en plus important
dans la préservation de la mémoire
de l’activité scientifique et technologique au Brésil. La recherche et les études
sur la cyberculture sont aujourd’hui disséminées au
Brésil, reflétant, en ce sens, des tendances
internationales. Depuis le début des années 1990, quand
il a été notamment accueilli à l’ECA/ USP,
jusqu’à aujourd’hui, le concept (en fait un domaine expressif de la connaissance) a
témoigné d’une grande vitalité. Il est présent,
en particulier, à la PUC/ SP, à l’UFRJ, à l’UERJ, à l’UFF, à l’UFBA, à la PUC/ RS, à l’UFRGS, à l’Unicamp, à l’Unisinos et à l’UFPE.
Bien qu’il soit majoritaire
dans ce champ d’études, le domaine de la Communication n’en a pas le
monopole, ce qui permet de constater l’ampleur
du phénomène, aussi bien que celle des études interdisciplinaires
correspondantes. Dans cette dernière décennie, une longue liste de cours, de
publications scientifiques et de représentations en relèvent.
Fondée à São Paulo, en 1977, l’INTERCOM – Société Brésilienne d’Études Transdisciplinaires de Communication
– a acquis un prestige national et une légitimité
internationale par son travail cohérent, pluriel et constant dans le sens de
consolider le domaine académique de la Communication, avec des versants
interdisciplinaires, tournés surtout vers le dialogue du journalisme avec les études cyberculturelles.
L’association fait
partie du réseau
national de sociétés scientifiques conduit par la SBPC
– Société
Brésilienne pour le Progrès de la Science – et du
réseau mondial conduit par l’IAMCR – International Association for Media and Communication
Research. Elle est aussi en contact avec l’AEJMC – Association for Education in
Journalism and Mass Communication et l’ICA – International Communication Association.
La COMPÓS –
Association Nationale des Écoles Doctorales en Communication – a
été fondée le 16 juin 1991, à Belo Horizonte, avec le soutien de la CAPES et du CNPq, à
l’initiative de certains chercheurs et
représentants d’Écoles Doctorales des universités suivantes : PUC-SP, UFBA, UFRJ,
UnB, UNICAMP, UMESP.
Il s’agit d’une société civile à but non lucratif, qui agrège comme
associées les Écoles Doctorales en Communication au niveau de Master et/ou
Doctorat d’institutions brésiliennes d’enseignement supérieur
publiques et privées. La COMPÓS a comme objectifs principaux
la qualification et la consolidation des études de Troisième Cycle en
Communication dans le pays ; l’intégration et l’échange entre les Écoles
existantes aussi bien que le soutien à l’implantation de nouvelles Écoles ;
le dialogue avec des institutions congénères nationales et internationales ; l’appui à la participation de la communauté universitaire dans les politiques nationales pour le
domaine de la Communication, soutenant le perfectionnement professionnel et le
développement théorique, culturel, scientifique et technologique.
Suite à une idée préliminaire émise
lors de la IX Rencontre Nationale de la COMPÓS, qui a eu lieu à la PUC/RS,
l’ABCiber4 a été fondée le 27 septembre 2006, au cours de
la Plénière Spéciale du I Symposium National de Chercheurs en Communication et
Cyberculture, organisé par le CENCIB – Centre
Interdisciplinaire de Recherches en Communication et Cyberculture, de
l’École Doctorale en Communication et Sémiotique de la PUC-SP.
Le profil institutionnel, organisationnel et académique de l’entité a été établi dans la
Conférence Pro-Association et dans la I Réunion du Conseil Scientifique
Délibérant (CCD), organisées par le CENCIB/ PUC-SP et réalisées dans cette Université,
en 2007. Les membres et les directeurs de l’Association sont
des chercheurs liés à des
4 Informations disponibles
sur: <http://abciber.com/texto_index1024.html>. Accès le 18 Mars
2013.
Écoles
Doctorales en Communication, Sciences de l’Information, Anthropologie, Psychologie Sociale, Éducation, Sémiotique et Arts.
En somme, en dépit de leurs
idiosyncrasies, les associations brésiliennes COMPÓS, INTERCOM e ABCiber ont
pour but général de discuter les rapports entre technologies/ réseaux
numériques, culture contemporaine et réorganisation quotidienne du social, de l’économie et de la politique au Brésil et dans le monde, en essayant de refléter, de manière organisée, panoramique et profonde, l’état
actuel des études et des recherches développées dans les domaines de la
Communication et des Arts, en mettant l’accent sur le
champ thématique de la Cyberculture. Dans leurs congrès annuels, chacune
de ces associations réunit jusqu’à
5000 participants, venus de toutes les
régions du Brésil et des pays voisins, ce qui met en évidence leur crédibilité
auprès de la communauté universitaire. Une affluence importante a aussi lieu
dans les symposiums nationaux et régionaux, dans les colloques binationaux et
dans les séminaires thématiques. Ces rencontres sont soutenues par les agences
brésiliennes de financement scientifique (CAPES, CNPq, FINEP, FAPESP) ou par
des agences internationales, comme
l’UNESCO, aussi bien
que par des entreprises privées.
Toujours sous cette même perspective
statistique et théorico-épistémologique, nous nous intéressons à la façon dont
des questions pratiques littéraires, culturelles et textuelles émergent à
travers des dispositifs multimédia et numériques, et, plus spécialement, à la Poésie Numérique au Brésil. Sur ce
dernier topique, nous voudrions signaler en particulier les travaux théoriques
de deux brésiliens, Eduardo Kac et Jorge Luiz Antonio.
Eduardo Kac est né à Rio de Janeiro en 1962. En 1989, il s’est installé aux Etats-Unis, où il a fait son Master en
Arts Plastiques à The School of the Art
Institute of Chicago, institution où il est aujourd’hui Professeur. En 2004, il a fait son doctorat
à l’Université de Wales (RU).
Pionnier dans l’art
numérique et transgénique, Kac a conçu et
développé la holopoésie (nouveau
langage verbal/ visuel qui explore les fluctuations formelles,
sémantiques et perceptuelles du mot/ image dans l’espace-temps
holographique),
en diffusant internationalement l’art de la téléprésence avec le projet
«Ornithorynque» 5. On lui a accordé de nombreux prix, parmi lesquels
celui du jury
5 L’art de la téléprésence est un nouveau
champ de création artistique fondé sur
le déplacement des processus cognitifs et sensoriels du participant vers
le corps d’un
télérobot qui se trouve dans
un autre espace,
géographiquement éloigné.
international de la Biennale de l’Inter Communication Center (Tokyo,
1999), par son œuvre de téléprésence « Uirapuru » 6. Kac a aussi
publié plusieurs articles
et essais sur l’art dans
des livres, des journaux et des revues
internationaux. Il a organisé et préfacé une anthologie sur « New Media
Poetry : Poetic Innovation and New Technologies » (Visible Language 30.2, 1996), qui réunit
dix essais d’huit
auteurs, suivis d’une web- bibliographie : Jim Rosenberg (États-Unis), Philippe Bootz (France)7,
E. M. de Melo e Castro (Portugal), André Vallias e Eduardo Kac (Brésil),
Ladislao Pablo Györi (Argentine), John Cayley (Angleterre) e Eric Vos
(Pays-Bas). Ce recueil représente une réflexion sur les expériences de poètes,
artistes et théoriciens qui établissent une connexion entre les poésies sonore,
verbale et visuelle et la poésie numérique, qui a commencé à paraître à partir
de la seconde moitié du XXe siècle, dans plusieurs pays.
Jorge Luiz Antonio est un autre spécialiste de la
poésie numérique. À travers une étude systématique, il a publié deux livres
importants pour la compréhension du thème dans toute son actualité. Le premier
est Poesia eletrônica: negociações com os
processos digitais [Poésie
électronique : négociations avec les processus numériques], paru en 2008,
et, plus récemment, Poesia digital:
teoria, história, antologias [Poésie numérique : théorie, histoire, anthologies],
en 2010. Dans ce dernier, il avance dans l’analyse et la révélation de ce
thème, qui suscite de plus en plus l’intérêt de la communauté
scientifique et des amateurs de la poésie et de la technologie. Dans une autre
publication, Brazilian Digital Art and
Poetry on the Web 8, de 2000, Antonio fait l’introduction d’une
anthologie de poètes de la Poésie Numérique brésilienne,
signalant le type de travail produit par chacun. Ce recueil numérique
minutieux
6 «Uirapuru», c’est le nom d’un oiseau amazonien
réel et d’une créature mythique. Dans la forêt
tropicale, l’Uirapuru chante une fois
par an, lorsqu’il construit son nid. Selon la légende, la chanson de l’Uirapuru est si belle que tous les autres
oiseaux cessent de chanter pour l’écouter. Cependant, dans une autre version de la légende, un être humain meurt
et se transforme en l’enchanté Uirapuru, donnant une nouvelle vie à la forêt
silencieuse. Ainsi, aussi bien dans la légende que dans la réalité,
l’Uirapuru est le
symbole d’une beauté rare.
7 Dans son essai, Poetic machinations, Philippe Bootz
trace un panorama historique de la “computer poetry” (poésie à l’ordinateur) depuis
Théo Lutz (en Allemagne, en 1959) et Jean Baudot
(1964) jusqu’à alire (en France, en
1989). À ce sujet, voir: BOOTZ, Philippe. Poetic machinations, in AAVV New
Media Poetry: Poetic Innovation and New Technologies. Visible Language 30.2. Guest editor by Eduardo Kac. Providence,
Rhode Island, Rhode Island School of Design, January, May and September, 1996,
p. 118-
137. . L'Univers
Leonardo - Galerie Virtuelle - Phillipe Bootz - a l i r e la revue d'écrits
de source électronique. Disponible sur: <http://www.olats.org/OLATS/leonardo/galeries/bootz/>, 1997-1998.
Accès le 8 Avril 2013.
8 Texte disponible sur : <http://www.vispo.com/misc/BrazilianDigitalPoetry.htm>. Accès le 6
avril 2013.
renvoie dans sa page – toujours
remise à jour,
puisqu’il s’agit d’un « work in progres »
– à
des disquettes et à des CD-ROMs créés par plusieurs artistes, et même à des
textes à
l’origine imprimés mais qui représentent les débuts de la poésie et de l’art numériques,
tels ceux
d’Erthos Albino de Souza (1932-2000), de Luís Ângelo Pinto, de
Waldemar Cordeiro (1925-1973), d’Abrahan Palatnik et de João Coelho.
Toujours dans le but d’enregistrer les débuts de la poésie
et de l’art numérique, l’auteur
ajoute aussi à sa
liste quelques poètes traditionnels brésiliens, comme Paulo Leminski, par
exemple. Il en va de même pour quelques revues en ligne, des centres des
ressources et des Équipes de Recherche d’institutions et d’universités brésiliennes9. Toutes ces sources
constituent un vaste cadre évolutif de la poésie numérique brésilienne, sans
cesse remis à jour. Ce cadre s’étend,
bien entendu, à toute pratique
contemporaine, non seulement à la poésie expérimentale, qui est un
reflet et une application des technologies disponibles, mais aussi à d’autres théories et champs d’expérimentation, comme le
soulignent d’autres connaisseurs comme Antonio Risério et Roland de
Azevedo Campos, sans oublier les maîtres Décio Pignatari, Wlademir Dias-Pino et
Philadelpho Menezes10.
Cela dit, il faut considérer que les
recherche de Kac et d’Antonio retracent les
antécédents de ce processus technologique de la poésie depuis ses
précurseurs jusqu’à l’état
actuel de l’art.
Les définitions de la Poésie se partagent, pour eux, en deux catégories :
les ontologiques, visant à l’universalisation des concepts, et les coutumières, qui se définissent à partir de l’objet, relevant de son état et de son stade de développement, comme dans le cas
de la poésie numérique.
Il convient donc de signaler une
différence de démarche : les études sur la poésie expérimentale en Cyberculture
et en Poésie Numérique au Brésil composent un
9 Pour quelques
exemples de ces centres, voir : le FILE -
Festival International de Langage Electronique (Musée de l’Image et du Son - São Paulo) www.file.org.br, le Studio de Poésie Expérimentale (PUC- São Paulo) http://www.pucsp.br/pos/cos/epe/ et On line publication of Ciberpesquisa - Centre d’Études et Recherches en
Cyberculture (UFBA-Bahia).
Disponible sur : <www.facom.ufba.br/ciberpesquisa/404nOtF0und/index.html>. Accès le 12
Avril 2013. 10 Pour quelques exemples des références
bibliographiques ou webiographiques de ces poètes, voir : Antonio Risério <http://publifolha.folha.com.br/catalogo/autores/809/>; Roland de Azevedo Campos
<http://www.antoniomiranda.com.br/poesia_visual/roland_campos.html
>; Décio Pignatari
<http://www.poesiaconcreta.com/poetas.php?poeta=dp>; Wlademir Dias-Pino
<http://www.enciclopediavisual.com/textos.detalhes.php?secao=4&subsecao=15&conteudo=30>;
Philadelpho Menezes <http://epc.buffalo.edu/authors/menezes/>. Accès le 15
Août 2013.
élément de plus pour la description et la compréhension des
phénomènes du champ, quoique de façon
initiale et résumée. Il faut en considérer d’autres. Les données que nous avons
présentées concernant la diffusion de la recherche en attestent le
développement et permettent de commencer à tracer un panorama de ce domaine,
dans ses thématiques et ses approches théoriques. En ce sens, le CNPq et son
Directoire des Équipes de Recherche ont un but principal en ce qui concerne son
utilisation par la communauté scientifique et technologique dans le quotidien
de l’exercice professionnel : il s’agit
d’un outil efficace
pour l’échange d’informations entre les
chercheurs et les institutions, puisque leur système de données, avec précision
et rapidité, permet d’identifier l’équipe (et chacun de ses membres), de découvrir où elle se trouve, ce qu’elle fait, ce qu’elle
produit.
Quant à l’insertion d’associations représentant les études
et la recherche dans le domaine
de la Cyberculture, à l’exemple de la COMPÓS,
l’INTERCOM et l’ABCiber, nous avons
montré qu’elles ne figurent pas simplement comme
organisatrices de rencontres aux caractéristiques conventionnelles. Ce qu’il
faut souligner, car en plus de
réunir des chercheurs pour la diffusion, la
discussion et l’échange de connaissances scientifiques,
avec des effets importants pour la pratique individuelle de la recherche, de l’enseignement et/ou de la direction de recherche au niveau de la Licence
ou du Troisième
Cycle, ces associations aboutissent à des résultats considérables qui se doivent,
d’abord, à l’organisation d’un espace institutionnel plus approprié à la recherche collective dans le domaine interdisciplinaire en question,
et, ensuite, au soutien à la production, avec diffusion et renouvellement
élargis de cette même recherche, et plus de répercussions multilatérales en
termes du développement des Sciences Humaines et Sociales au Brésil.
Pour conclure, provisoirement, bien entendu, j’espère que cette
communication a pu contribuer au travail de diffusion des
agences de promotion et financement du Ministère de la Science, de la Technologie et de l’Innovation (MCTI), qui joue un rôle primordiale dans
la formulation et la conduite des politiques de science, de technologie et d’innovation, agissant
pour le développement national et la reconnaissance des
institutions de recherche et des chercheurs brésiliens par la communauté scientifique internationale, aussi bien que par le public participant à la
rencontre
« Chercher le texte », public pour lequel ce travail a été produit et auquel il
se destine en ce moment.
Références :
ABCiber – Associação Brasileira de Pesquisadores em Cibercultura. Disponible sur:
<http://abciber.com/historia1024.html>.
Accès le 18 Mars 2013.
AMARAL, A.;
Montardo, S.P. Pesquisa em Cibercultura: análise da produção brasileira da
Intercom. In: CONGRESSO BRASILEIRO DE CIÊNCIAS DA COMUNICAÇÃO, Anais...
XXXIV, Recife, 2011. Disponible sur :
<http://www.intercom.org.br/papers/nacionais/2011/resumos/R6-3058-1.pdf>.
Accès le 20 Avril 2013.
ANTONIO, J. L. Poesia digital: teoria, história, antologias. São Paulo, SP;
Columbus, EUA: Navegar; Luna Bisontes Prods; Fapesp, 2010. v. 1.
. Brazilian Digital Art and Poetry on the Web. Milieu numérique, 2000.
Disponible sur: <http://www.vispo.com/misc/BrazilianDigitalPoetry.htm>.
Accès le 11 Avril 2013.
BOOTZ, Philippe. L'Univers Leonardo - Galerie Virtuelle - Phillipe Bootz - a l i r e
la revue d'écrits de source électronique. Disponible sur:
<http://www.olats.org/OLATS/leonardo/galeries/bootz/>,
1997-1998. Accès le 8 Avril
2013.
COMPÓS
- Associação Nacional dos Programas de Pós-Graduação em Comunicação. Disponible
sur: <http://www.compos.org.br/>.
Accès le 29 Mars 2013.
INTERCOM-
Sociedade Brasileira de Estudos Interdisciplinares da Comunicação. Disponible
sur: <http://www.intercom.org.br/papers/nacionais/2011/resumos/R6-
3058-1.pdf>. Accès le 3 Avril 2013.
KAC, E. The
brazilian art and technology experience: a chronological list of artistic
experiments with technosciences in Brazil, 1986. In: Leonardo on-line. Disponible sur:
<http://mitpress2.mit.edu/e-journals/Leonardo/isast/spec.projects/brazilchron.html>.
Accès le 29 Mars 2013.
. New Media Poetry:
Poetic Innovation and New Technologies. Visible Language
30.2. Guest editor by Eduardo
Kac. Providence, Rhode Island, Rhode Island School of Design, January, May and
September, 1996.